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- Le siècle des Lumières - Les Philosophes et la Révolution française
Posted by : Unknown
الاثنين، 9 ديسمبر 2013
Le
siècle des Lumières est sans doute le siècle le plus dense, le plus
révolutionnaire, le plus novateur dans tous les domaines qui soient :
sciences, littérature, arts musicaux, picturaux, architecturaux, vie en
société, économie, instruction, etc.
Découvrir ce siècle c'est découvrir les raisons pour lesquelles la France était prise en modèle dans l'Europe entière, c'est comprendre le formidable souffle qui a conduit tout un peuple à la Révolution.
Ce siècle a connu les plus grands hommes, les plus grands penseurs, encore très présents aujourd'hui : Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu, Beaumarchais, Marivaux, et tant d'autres!
La métamorphose a été longue et nous prendrons les limites suivantes : 1715, mort de Louis XIV et 18 brumaire, coup d'Etat de Napolélon.
Ce courant n'est pas uniquement un courant littéraire : il dépasse toutes les frontières, y compris celles de la France. Les changements qui ont été opérés sont considérables.
Vous trouverez dans les pages qui vont suivre les différents aspects de ce siècle "éclairé", et les raisons de son succès.
Découvrir ce siècle c'est découvrir les raisons pour lesquelles la France était prise en modèle dans l'Europe entière, c'est comprendre le formidable souffle qui a conduit tout un peuple à la Révolution.
Ce siècle a connu les plus grands hommes, les plus grands penseurs, encore très présents aujourd'hui : Voltaire, Rousseau, Diderot, Montesquieu, Beaumarchais, Marivaux, et tant d'autres!
La métamorphose a été longue et nous prendrons les limites suivantes : 1715, mort de Louis XIV et 18 brumaire, coup d'Etat de Napolélon.
Ce courant n'est pas uniquement un courant littéraire : il dépasse toutes les frontières, y compris celles de la France. Les changements qui ont été opérés sont considérables.
Vous trouverez dans les pages qui vont suivre les différents aspects de ce siècle "éclairé", et les raisons de son succès.
Définition du « Philosophe »
Etymologiquement le philosophe est celui qui aime (philo) la sagesse (sophia). Au XVIIIème siècle émerge un courant de contestation fondé sur l'observation du monde. Des hommes souhaitent améliorer le monde dans lequel ils vivent afin que leurs concitoyens vivent eux aussi dans de meilleures conditions.
Le mot peut être pris dans son sens propre : le philosophe c'est celui qui « s'applique à l'étude des sciences et qui cherche à connaître les effets par leurs principes. » Son sens moral rappelle davantage l'étymologie citée ci-dessus : « On appelle philosophe un homme sage qui mène une vie tranquille et retirée de l'embarras des affaires. »
Dans l'article « Philosophe » de l'Encyclopédie, Dumarsay propose une définition du philosophe tel qu'il le voit au XVIIIème :
Le philosophe est tout d'abord un homme qui aime vivre, à cela il ajoute sa liberté de penser. Nous sommes loin à cette époque de la vision du penseur enfermé dans son cabinet, qui commente le monde sans le connaître.
Au contraire le philosophe aime la société, le genre humain. Il doit savoir se partager entre la retraite, nécessaire à l'élaboration d'une réflexion, et le commerce (au sens de la « conversation » au XVIIIème). Il fréquente les Salons, lieux d'échanges intellectuels, maîtrise l'art de parler en société, se plait parfois à séduire son auditoire par son Verbe.
Il possède des qualités morales qui rappellent « l'honnête homme » du XVIIème : ses actions et ses réflexions sont toujours motivées par le bien d'autrui. « Honneur et probité » sont des valeurs morales qu'il place à un très haut degré.
C'est l'homme du dialogue par excellence, de la tolérance. La Raison est son seul guide. C'est l'homme de la contestation, de la critique, « sage » car reposant sur la science des « faits ». Il se fait « l'apôtre d'une révolution pacifiste » car son seul but est d'atteindre le bonheur pour tous.
C'est l'homme de la liberté, de la libération de l'homme.
Une autre particularité du philosophe, selon Dumarsay, tient à la conception de sa morale : elle est laïque et non religieuse. Il agit au non de la société civile, qui a remplacé toute forme de divinité. Refusant l'obscurantisme de la superstition, entretenue par l'Eglise, du fanatisme, il s'éloigne de la religion.
Marivaux, dans son « cabinet du philosophe » se pose en observateur du monde et aborde tous les sujets. Il donne un aperçu représentatif de la définition du « philosophe ».
Les limites de cette définition
Si l'on retrouve dans le portrait de Dumarsay des hommes comme Voltaire ou Diderot, il en est un qui ne remplit pas tous les critères. C'est « l'ennemi du genre humain », comme l'appellera Voltaire à la suite de son Discours sur l'inégalité parmi les hommes : Rousseau.
Rousseau est, si l'on peut dire, une exception. Non qu'il ait au moins autant d'honneur ou de morale que ses condisciples, mais sa timidité maladive, son sentiment d'infériorité permanent, sa maladresse en société lui ont fait préférer la retraite, loin des obligations mondaines. Considéré comme un sauvage excentrique, il est mis au ban du « clan » des philosophes. Mais il n'en demeure pas moins que ses idées compteront énormément dans l'élaboration de l'esprit révolutionnaire.
Du point de vue de la religion les philosophes diffèrent aussi entre eux : Voltaire est déïste, il croit en un "grand horloger" dans la Nature; Rousseau a une conscience religieuse qu'il fonde sur le coeur et non la raison, selon lui la conscience est un instinct divin aux intuitions infaillibles; Diderot, lui, est résolument athée.
La défintion de Dumarsay donne les grandes lignes de ce qu'est un philosophe, mais il ne faut pas se limiter à cela.
L'action philosophique
Pour répondre à cette question, nous nous appuierons sur un texte du Marquis de Condorcet, publié après sa mort, en 1795 : l'Esquisse d'un tableau des progrès de l'esprit humain.
Condorcet
est un célèbre mathématicien et académicien de son temps, ami des
philosophes, qui, pour avoir refusé de voter la mort de Louis XVI, fut
emprisonné par Robespierre en mars 1794, et fut retrouvé mort le
lendemain de son incarcération.
Les trois idéaux des Lumières selon Condorcet sont : raison, tolérance, humanité.
Les philosophes, selon lui, répondent à plusieurs missions
: « répandre la vérité », « poursuivre les préjugés » et « détruire les
erreurs populaires ». Il s'agit en effet d'instruire les hommes afin de
prêcher la tolérance, de combattre les fanatismes qui se retournent
souvent à cette époque contre les protestants, mais plus largement
contre tout ce qui « autre ». La critique philosophique s'exerce contre
le pouvoir politique tyrannique, ils luttent contre les despotes et les
va-t-en-guerre, contre les lois inéquitables, les abus du fanatisme
religieux, et toutes les formes de barbarie (la torture est dénoncée,
par exemple, par Voltaire dans son Dictionnaire Philosophique, article « torture »).
Condorcet
évoque les moyens utilisés par ces philosophes pour répandre leurs
idées, et force est de constater que cela est périlleux. Souvent ces
hommes risquent leur vie pour leurs idées. Condorcet parle, entre
autres, des Encyclopédistes (Diderot,
d'Alembert, le chevalier de Jaucourt, Montesquieu, Condillac, plus
ponctuellement Rousseau et Voltaire, etc) qui ont dû lutter pour obtenir
un privilège royal pour la publication de l'œuvre (le premier date de
1748), et qui ont subi des condamnations, des interdictions, des
suspensions de publications, et ce jusqu'en 1772, date de la fin de
l'entreprise.
De fait les philosophes pratiquent toutes les
formes littéraires : "la compilation la plus savante" (l'Encyclopédie),
le « roman » (pensez aux contes philosophiques, aux œuvres romanesques
de Diderot, Rousseau et Voltaire), le « pamphlet ». Il faudrait ajouter
les essais, les dialogues, les lettres et autres dictionnaires
philosophiques.
Quand Condorcet souligne que les philosophes
prenaient « tous les tons », et qu'ils caressaient « les préjugés avec
adresse », on peut penser aux œuvres de :
-Montesquieu : qui utilise le ton de la plaisanterie dans les Lettres Persanes, mais aussi un tom moraliste dans l'Esprit des Lois.
-Marivaux : dramaturge de comédie sociale, l'Ile des esclaves, le jeu de l'amour et du hasard,mais aussi de romans à portée sociale et philosophique, la Vie de Marianne, le Paysan parvenu, qui lui ressemble tant.
-Voltaire : qui varie tous les registres, l'ironie, le pathétique, le comique dans Candide, Zadig, son Dictionnaire philosophique.
-Rousseau : qui se fait moraliste dans ses Discours, mais aussi dans les lettres de La Nouvelle Héloïse.
-Beaumarchais : qui associe la plaisanterie au rire amère dans ses deux pièces les plus célèbres : le Barbier de Séville et le Mariage de Figaro, de loin la pièce la plus insolente de l'auteur.
Mais
toujours les philosophes doivent avoir le soin de ménager "quelquefois
les ennemis de la raison", car la censure rôde et attaquer frontalement
son adversaire dessert l'entreprise juste que l'on s'est assignée
L'esprit de la Régence
Après la mort de Louis XIV, en 1715, c'est le sentiment qu'une époque
nouvelle va commencer. Les rigueurs imposées par le roi vieillissant et
Mme de Maintenon, proche du courant de janséniste, ont sclérosé la cour, qui ne demande qu'à s'étourdir.
Aussi
la Régence, exercée par Philippe d'Orléans (1715-1723) va-t-elle
libérer les esprits. Ce dernier est le fils de Philippe d'Orléans, le
frère de Louis XIV. Il épouse Melle de Blois, la fille de feu le roi et
de Madame de Montespan. Il bénéficie de la cassation du testament du roi
de France (qui désignait le duc de Maine, bâtard légitimé, futur
régent) par le Parlement pour devenir Régent.
Un vent
d'irrespect, de frivolité, de fantaisie va souffler sur les courtisans :
les « roués » (hommes cyniques et séducteurs) aux côtés du Régent vont
apparaître et conduirent un mouvement de désacralisation des valeurs et
repères du siècle précédent.
La critique sous toutes ses formes
se pratique avec allégresse : Montesquieu publie ses Lettres Persanes,
en 1721, qui vise avec son arme satirique le pouvoir religieux et
politique ; Voltaire ose des petits vers contre le Régent, qui lui
feront connaître un court exil. L'esprit de non-conformisme devient la
règle.
Le contexte économique et politique sous la Régence
La Régence est marquée par une certaine indifférence par rapport aux
questions politiques et religieuses. Le caractère dilettante de Philippe
d'Orléans permet à la Haute aristocratie d'exercer un pouvoir important
lors des Conseils (les Synodies), et le Parlement obtient le droit de
remontrance, qui entrava la monarchie jusqu'à la fin du XVIIIème siècle.
Le pays connaît une relance économique puissante : la
colonisation française est encouragée en Louisiane, on reconstruit la
marine nationale, la monnaie se stabilise, les dettes commencent à être
absorbées.
Seule la faillite du système de Law (qui repose sur
l'alliance de la Banque royale et la Compagnie perpétuelle des Indes
censée attirer les actionnaires et leur or) jette une ombre durable sur
les finances du pays.
Cette banqueroute est en partie compensée par l'efficace politique étrangère de l'abbé Dubois.
C'est
la fin des persécutions religieuses : l'Eglise catholique connaît un
renouveau, et applique davantage de tolérance. Le Régent libère même les
jansénistes, opposés aux Jésuites.
Les classes dites moyennes pratiquent l'honnêteté dans les affaires, ce qui assure une solide expansion économique.
En
février 1723, Louis XV atteint sa majorité, il a 13 ans. Le Régent
continue d'exercer le pouvoir avec l'abbé Dubois, jusqu'à sa mort en
décembre 1723.
Grandeur
Le Bien-Aimé, qui ne le restera pas longtemps, est l'arrière petit-fils de Louis XIV.
Il
monte sur le trône à 13 ans, mais ce sont le duc de Bourbon, puis le
cardinal de Fleury (1726-1743) qui menèrent la politique lors des
premières années de son règne.
Louis XV bénéficie d'un assez long
état de grâce de la part du peuple français : son caractère avenant
(quand il n'est pas en phase de dépression) et son physique avantageux
lui attirent la sympathie. De même les succès militaires pendant les
guerres de Succession contre les Autrichiens (1740-1748) dans les années
1740 lui assurent la confiance ses sujets. L'apogée de sa renommée est
atteinte lors de la bataille de Fontenoy, le 11 mai 1745, aux Pays-Bas
Autrichiens (l'actuelle Belgique). Son ami, le Duc de Richelieu, grand
libertin et excellent militaire, se voit vanter ses mérites par
Voltaire, qui cherche des protecteurs.
Et décadence
Le vent tourne, lorsque le roi décide d'afficher sa liaison avec une
jeune femme, rencontrée lors d'un bal masqué en 1745 : Jeanne Poisson,
future Marquise de Pompadour. En effet, celle-ci est fille de banquier,
roturière, belle, intelligente, et se pique de se mêler de politique.
Des pamphlets, dessins et rumeurs obscènes, entachent le règne de cette
favorite « éclairée », (elle apportera son soutien à l'entreprise
encyclopédique), qui finira le jour de sa mort, le 15 avril 1764.
Malgré
la victoire contre les Autrichiens, en 1748, lors du Traité
d'Aix-la-Chapelle, le roi, qui n'avait pas de tempérament belliqueux et
se satisfaisait de « son pré carré, décide de restituer ses conquêtes à
l'Autriche, à la stupéfaction générale. Le peuple, dont l'esprit
nationaliste est exalté par les victoires militaires, ne pardonnera pas à
son monarque son acte et utilisera l'expression « bête comme la paix. »
Une
tentative d'assassinat, le 5 janvier 1757, qui ne met pas en danger la
vie de Louis XV, ébranle cependant la confiance du monarque, vis-à-vis
de son peuple, et le fait sombrer peu à peu dans une dépression
chronique. Le régicide Damiens, reconnu avoir agi seul, est condamné au
supplice de la roue en place de Grève, le 28 mars 1757.
La
guerre de 7 ans contre les Anglais débute en 1758, mais s'achève sur une
défaite, qui fit perdre à la France en 1763, la Nouvelle-France (le
Canada) et l'Inde.
Malgré les actions intelligentes et bénéfiques
pour tenter de redresser la France de Choiseul ou Maupeou, ennemis
jurés, la fin de règne de Louis XV est teintée d'amertume et de rancœur.
Fronde du Parlement,
Le roi affiche, en 1769, une nouvelle
maîtresse, « tirée du ruisseau », la Comtesse du Barry, haïe par la
moitié de la cour, et il meurt dans une quasi indifférence le 10 mai
1774.
La politique de Louis XV est marquée par des réformes
dans l'administration, la justice et le souci de réduire la vénalité
des charges. Choiseul réforme la marine et l'armée, et veut étendre les
colonies françaises dans les Antilles. La dissolution de l'ordre des
Jésuite est officialisée en novembre 1764.
Maupeou tente de restaurer
le pouvoir royal, en vain. Le long cheminement vers la contestation
populaire ultime est depuis quelques années amorcé, et c'est sous le
règne de Lous XVI, neveu du roi défunt, qu'il trouvera son
aboutissement.
Et décadence
Le vent tourne, lorsque le roi décide d'afficher sa liaison avec une jeune femme, rencontrée lors d'un
bal masqué en 1745 : Jeanne Poisson, future Marquise de Pompadour. En
effet, celle-ci est fille de banquier, roturière, belle, intelligente,
et se pique de se mêler de politique. Des pamphlets, dessins et rumeurs
obscènes, entachent le règne de cette favorite « éclairée », (elle
apportera son soutien à l'entreprise encyclopédique), qui finira le jour
de sa mort, le 15 avril 1764.
Malgré la victoire contre les
Autrichiens, en 1748, lors du Traité d'Aix-la-Chapelle, le roi, qui
n'avait pas de tempérament belliqueux et se satisfaisait de « son pré
carré, décide de restituer ses conquêtes à l'Autriche, à la stupéfaction
générale. Le peuple, dont l'esprit nationaliste est exalté par les
victoires militaires, ne pardonnera pas à son monarque son acte et
utilisera l'expression « bête comme la paix. »
Une tentative
d'assassinat, le 5 janvier 1757, qui ne met pas en danger la vie de
Louis XV, ébranle cependant la confiance du monarque, vis-à-vis de son
peuple, et le fait sombrer peu à peu dans une dépression chronique. Le
régicide Damiens, reconnu avoir agi seul, est condamné au supplice de la
roue en place de Grève, le 28 mars 1757.
La guerre de 7 ans
contre les Anglais débute en 1758, mais s'achève sur une défaite, qui
fit perdre à la France en 1763, la Nouvelle-France (le Canada) et
l'Inde.
Malgré les actions intelligentes et bénéfiques pour
tenter de redresser la France de Choiseul ou Maupeou, ennemis jurés, la
fin de règne de Louis XV est teintée d'amertume et de rancœur.
Le
roi affiche, en 1769, une nouvelle maîtresse, « tirée du ruisseau », la
Comtesse du Barry, de son vrai nom Jeanne Bécu, qui est haïe par la
moitié de la cour, et il meurt dans une quasi indifférence le 10 mai
1774. Cette dernière sera guillotinée pendant la révolution en 1793.
La
politique de Louis XV est marquée par des réformes dans
l'administration, la justice et le souci de réduire la vénalité des
charges. Choiseul réforme la marine et l'armée, et veut étendre les
colonies françaises dans les Antilles. La dissolution de l'ordre des
Jésuite est officialisée en novembre 1764.
Maupeou tente de restaurer
le pouvoir royal, en vain. Le long cheminement vers la contestation
populaire ultime est depuis quelques années amorcé, et c'est sous le
règne de Lous XVI, neveu du roi défunt, qu'il trouvera son
aboutissement.
La fin de la monarchie française
Le règne de Louis XVI est ponctué par une série d'incompréhensions.
Le jeune Louis XVI, qui accède au tône à la mort de son oncle en 1774, alors qu'il n'est qu'un jeune adolescent, est affublé d'un caractère ambigu : parfois indolent pour les uns, franchement incapable pour les autres. Malgré quelques succès dans sa politique (l'alliance avec l'Autriche, renforcée par le mariage avec la Dauphine, Antoine d'Autriche, future Marie-Antoinette, conduit la France à une victoire contre les Anglais en 1783) la sympathie va aux insurgés d'Amérique qui luttent pour leur indépendance. La France va s'engager à grands frais dans cette aventure. Les idées républicaines venues d'Outre Atlantique commencent à séduire.
De même Louis XVI tente des réformes, mais son manque de fermeté l'oblige à céder à l'opinion publique : il sacrifie deux grands ministres devenus impopulaires, Turgot et Necker.
Les difficultés financières s'accroissent, les paysans protestent contre l'augmentation des impôts. Une crise économique, sociale et financière conduità la convocation des Etats Généraux le 4 mai 1789.
La prise de la Bastille en juillet 1789 est un acte symbolique, tandis que la prise des Tuileries, le 10 août 1792 marque la fin de la monarchie. Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette le 16 novembre 1793.
Le jeune Louis XVI, qui accède au tône à la mort de son oncle en 1774, alors qu'il n'est qu'un jeune adolescent, est affublé d'un caractère ambigu : parfois indolent pour les uns, franchement incapable pour les autres. Malgré quelques succès dans sa politique (l'alliance avec l'Autriche, renforcée par le mariage avec la Dauphine, Antoine d'Autriche, future Marie-Antoinette, conduit la France à une victoire contre les Anglais en 1783) la sympathie va aux insurgés d'Amérique qui luttent pour leur indépendance. La France va s'engager à grands frais dans cette aventure. Les idées républicaines venues d'Outre Atlantique commencent à séduire.
De même Louis XVI tente des réformes, mais son manque de fermeté l'oblige à céder à l'opinion publique : il sacrifie deux grands ministres devenus impopulaires, Turgot et Necker.
Les difficultés financières s'accroissent, les paysans protestent contre l'augmentation des impôts. Une crise économique, sociale et financière conduità la convocation des Etats Généraux le 4 mai 1789.
La prise de la Bastille en juillet 1789 est un acte symbolique, tandis que la prise des Tuileries, le 10 août 1792 marque la fin de la monarchie. Louis XVI est guillotiné le 21 janvier 1793, Marie-Antoinette le 16 novembre 1793.
L'ESCLAVAGE AU XVIIIème SIECLE
Le mot "esclave" vient de "slave", nom des peuples mis en esclavage par l'empereur Othonle Grand au Xème siècle.
Deux
types d'esclavage ont été distingués : "l'esclavage doux", qui
consistait à atténuer le sort des captifs( approuvé par le
christianisme) et l'esclavage qui consiste de la part des classes
dirigeantes à dominer les masses serviles.
Dès l'Antiquité,
l'esclave est considéré comme un animal de force. Il a permis
l'épanouissement des civilisations les plus célèbres. Il a fallu
attendre le progrès technique pour trouver d'autres formes d'énergie.
Aristote avait compris que c'était l'invention des machines qui devait
permettre l'abolition de l'esclavage.
Dans l'Antiquité, posséder
des esclaves était un signe de richesse. L'esclavage est lié à la
sédentarisation. Au IXème ap JC, les bouleversements politiques
occasionnés par les invasions barbares et l'installation du régime
féodal entraînent la chute de l'esclavage. En Europe, les cerfs les
remplacent. Puis au XVIème commence le commerce d'esclaves pour des
raisons économiques.
I – HISTORIQUE
L'utilisation
De par le développement de la colonisation il y a eu un besoin d'esclaves pour les travaux de force. Ce sont dans les plantations qu'on en avait le plus besoin, nécessité d'une main d'œuvre abondante et bon marché pour la canne à sucre, le tabac, le coton, le caoutchouc et le café.
La traite des Noirs
A la suite des conquêtes du Nouveau Monde, commencées en 1519, les colonisateurs ont besoin de main d'oeuvre. On estime que la traite négrière a débuté en 1444 par les Portugais.
Puis les conquistadors espagnols se trouvent face à un dilemme de taille : les Indiens sont-ils inférieurs à leurs colonisateurs? Un chanoine de Cordoue, Sépulvéda publie un ouvrage défavorable aux Indiens, mais s'oppose à lui un adevrsaire tenace, le frère dominicain, Bartholomé de Las Casas, qui possédant un domaine à Saint Domingue, sest ému de la situation pitoyable des Indiens. En 1550, les deux hommes s'affrontent dans une joute oratoire devant le légat du Pape: c'est la controverse de Valladolid, ville espagnole. De cette dispute (au sens littéraire du terme) a été décidé que les Indiens avaient bien une âme comme les Espagnols, et que les seuls qui pouvaient servir d'esclaves étaient les Noirs.
Plusieurs milliers d'Africains sont donc acheminés dans les colonies. La Renaissance voit alors la l'apparition de la Traite des Noirs. A partir de ce moment commence la plus vaste entreprise de déplacements de population de l'histoire humaine.
Ils sont emmenés en Amérique du Nord, aux Antilles et en Amérique du Sud, au Brésil, à Saint-Domingue, en Guyane, à Cuba, Réunion, à l'île Maurice.
Bernardin de saint Pierre notait dans Voyage à l'Ile de France, lettre XII : « Je ne sais si le café et le sucre sont nécessaires au bonheur de l'Europe, mais je sais bien que ces deux végétaux ont fait le malheur de deux parties du monde. On a dépeuplé l'Amérique afin d'avoir une terre pour les planter ; on dépeuple l'Afrique afin d'avoir une nation pour les cultiver. »
Le développement de la traite des Noirs est lié à l'essor des grandes compagnies commerciales et à l'expansion coloniale des pays européens vers le Nouveau Monde.
En France les oprts négriers sont : Saint Malo, La Rochelle, Bordeaux, Le Havre et Nantes. En Europe Liverpool, Amsterdam, Bristol et Lisbonne jouent le même rôle.
Le commerce triangulaire
Les Européens échangent en Afrique des vies humaines contre des tissus, des matériaux, de l'alcool, etc. Puis, ils débarquent les esclaves dans les colonies, et les mettent en vente. Ils repartent enfin vers l'Europe chargés de produits tropicaux.
Ainsi hommes et marchandises se confondent dans un marché économqiue prospère.
Parmi les esclaves il y a : les"nègres de culture" qui travaillent dans les champs de coton, de canne à sucre, de café, Ils cultivent aussi le chocolat, l'indigo, etc; "les nègres de maisons", des domestiques; et "les nègres à talents", des artisans charpentiers, maçons, des musiciens, etc.
Economie et esclavage
– Le Code Noir : la protection des Noirs
Erigé par Colbert et promulgué par Louis XIV en mars 1685 marque la volonté de donner un statut à l'esclave qui atteint désormais le rang intermédiaire entre les biens meubles et les hommes libres.
En fait, et les philosophes n'ont pas manqué de le signaler, le Code Noir légalise les pratiques barbares, sévices tels que le marquage à la fleur de lys, les mutilations, la peine de mort.
- Le rôle de l'Eglise
Elle
rassure les consciences. Bossuet cite la Bible pour justifier
l'esclavage et affirmer que l'esclave doit rester sous le joug de son
maître. « Condamner l'esclavage reviendrait à condamner le Saint Esprit
qui ordonne aux esclaves par la bouche de Saint-Paul de demeurer en
leur état et n'oblige pas le maître à les affranchir
II – LA CRITIQUE DE L'ESCLAVAGE AU XVIIIème
Les débuts de la rébellion
On appelle la révolté des esclaves le "marronnage", qui vient de l'espagnol cimarron, "insoumis".
La plus célèbre insurrection est celle de Saint-Domingue, le 22 août 1791. Elle est conduite par Toussaint Louverture. on estime que 1400 plantations sont ravagées, que près d'un millier de blancs sont tués, et que 15000 esclaves sont morts ou disparus. Le 29 août 1793 est proclamée la première abolition de l'esclavage, confirmée en février 1794.
Cet homme se rallie aux révolutionnaires, et est nommé général en chef des armées de Saint-Domingue. Mais il est vaincu par Napoléon Ieren 1802, est déporté en France puis emprisonné. il meurt en 1803.
Les textes de la critique
-Montesquieu « De l'esclavage des Noirs » in L'esprit des Lois , 1748.
-Rousseau : Du contrat social, 1762, esclavage et droit sont contradictoires.
-Voltaire : Dénonciation du Code Noir dans Candide, 1759.
-Condorcet : Réflexions sur l'esclavage des Noirs, 1781. « Mes frères, le même esprit, la même raison, les mêmes vertus. »
-Helvétius : De l'esprit, « On conviendra qu'il n'arrive point de barrique de sucre en Europe qui ne soit teinte de sang humain. »
-L'Encyclopédie : 1755, article de Jaucourt selon lequel l'esclavage s'oppose au droit de nature. Dénonce la légitimation par la religion.
Quelques dates
1788 : création de la Société des amis des Noirs
1794 : décret abolissant l'esclavage, peu suivi.
1802 : Bonaparte rétablit l'esclavage
1815 : congrès de Vienne, presque tous les pays européens choisissent l'abolition
1848 : abolition définitive de l'esclavage en France.
Origines de la censure
En 1629, Richelieu charge le chancelier et le garde des Sceaux d'examiner des ouvrages et de leur accorder ou non « le privilège du roi ».
En 1742 un corps de censeurs royaux est créé. Il est composé de 79 membres qui se partagent la tache d'examiner les ouvrages, chacun ayant son domaine : la théologie, la jurisprudence, la médecine, la chirurgie et l'anatomie, les mathématiques, la géographie, les beaux-arts, l'architecture et les belles lettres.
Beaumarchais dans le célèbre Monologue de Figaro, à l'acte V, dresse un portrait satirique de cet exercice de la censure, transposé en Espagne, afin d'éviter la censure française. Ce qui n'aura pas l'effet escompté car l'auteur devra revoir sa pièce trois fois !
Les conséquences de la censure
Passé l'examen de la censure, les auteurs et éditeurs obtiennent un privilège, une permission tacite ou orale du directeur de la librairie.
Afin d'éviter la censure, les auteurs ont recours à divers moyens :
-l'impression à l'étranger
-la publication en France, après falsification
Ces moyens sont bien sûr illégaux !
Ainsi les Lettres Persanes de Montesquieu ont été publiées anonymement en Hollande, de même pour l'Esprit des Lois. Le Contrat social de Rousseau est diffusé depuis Genève, tandis que le discours sur l'origine de l'inégalité est paru à Amsterdam.
Les philosophes avaient recours à de grands mécènes : Voltaire eut l'appui de Frédéric II et du duc de Choiseul, derrière lui, on devine la marquise de Pompadour, qui abandonna cependant Voltaire, Diderot trouva appui auprès de Catherine II de Russie, et eut l'idée, un temps, de publier l'Encyclopédie de là-bas.
Les risques liés à la censure sont l'emprisonnement, l'exil : Voltaire, Diderot y furent contraints. Parfois les galères attendent les contrevenants.
Ainsi les philosophes utilisent la seule arme qui leur reste : l'ironie.
Le plus grand exemple est celui de Montesquieu dans l'Esprit des Lois, dans l'article concernant l'esclavage : « si j'avais à soutenir le droit que nous avons de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais : » Montesquieu feint ici de prendre à son compte les propos des esclavagistes pour mieux montrer leur absence de fondement.
A ce sujet Montesquieu écrit : « Pour bien écrire il faut sauter les idées intermédiaires, assez pour ne pas être ennuyeux, pas trop de peur de ne pas être entendu. »
La lutte acharnée des philosophes pour faire entendre leurs idées librement est récompensée par l'article de la Déclaration des droits de l'homme qui installe le droit à la liberté d'expression comme un droit fondamental.
Seul Napoléon Ier rétablira la censure en 1800, 1804 et 1810.
Les origines de l'Encyclopédie
Diderot n'a pas inventé le principe de l'Encyclopédie. Il existait déjà à l'Antiquité grâce à Aristote et à Pline l'Ancien et était reconnu comme un idéal culturel. La connaissance de toutes les disciplines formaient le philosophe, idéal grec, et le parfait orateur, idéal romain.
Dans l'Europe médiévale les monastères et les universités scolastiques se donnent pour mission de constituer une culture chrétienne. Le monde est considéré comme achevé mais imparfaitement connu par l'homme. Répertorier les choses qui l'environne permet à l'homme de mieux saisir son destin, ici se rejoignenet deux attitudes : l'une religieuse, l'autre philosophique. Au Moyen-Age, le mot est chargé d'un sens mystique, hérité des Ecritures.
De fait apparaît la philologie, qui va se développer à la Renaissance. Le but est de trouver la raison des choses dans l'origine des mots. Rabelais, dans Gargantua, utilise au chapitre 20 le mot encyclopédie, il s'agit d'un véritable programme d'études et de recherches réalisé par une géant.
Diderot, lui, de donner du sens aux mots en passant par la maîtrise des techniques. Il réhabilite le travail manuel en s'intéressant aux productions humaines, dans tous les domaines (horlogerie, imprimerie, agriculture, génie militaire, etc.)
Ainsi Diderot réussit à réconcilier le corporel et le spirituel dans une démarche philosophique et humaniste.
La finalité de l'Encyclopédie
L'Encyclopédie est née du désir de Diderot de "rendre la philosophie populaire".
Dans son article "Encyclopédie" en 1755, Diderot définit ainsi son entreprise:
"Le but de l'Encyclopédie est de rassembler les connaissances éparses sur la surface de la terre (...) afin que les travaux des siècles passés n'aient pas été inutiles pour les siècles qui succéderont; que nos neveux, devenant plus instruits, deviennent en même temps plus vertueux et plus heureux (...)."
Ainsi la finalité de ce pojet savant est le bonheur et la vertu, deux grands valeurs au XVIIIème siècle.
Dans l'Encyclopédie, les philosophes vont tout soumettre à leur jugement critique: ils rejettent surtout les solutions théologiques ou métaphysiques, l'autorité des traditions. Ils cherchent à illiminer tout ce qui pourrait faire obstacle à la raison. Le XVIIIème siècle assiste à une révision critique des notions fondamentales concernant l'homme et l'organisation de la société.
Diderot écrit encore : "Il faut tout examiner, tout remuer sans exception et sans ménagement. (...) Il faut fouler aux pieds toutes ces vieilles puérilités; renverser les barrières que la raison n'aura point posées; rendre aux sciences et aux arts une liberté qui leur est si précieuse (...)."
L'entreprise philosphique de 1750 à 1772
C'est en 1750 que Diderot publie le Prospectus dans lequel il expose l'originalité de l'Encyclopédie qu'il se propose de rédiger avec ses collaborateurs. Il rappelle que des encyclopédies ont déjà vues le jour, celle de l'anglais Chambers qui a été imprimée en France en 1745, mais que son Encyclopédie va bien au-delà du regroupement de connaissances qui existaient jusque là.
En 1751 paraît le premier tome précédé du Discours préliminaire de d'Alembert. Puis c'est la première condamnation en 1752: le conseil du roi interdit les deux premiers volumes.
En 1753-1757, grâce au soutien de l'opinion, de Malesherbes la publication reprend. Mais à nouveau c'est l'interdiction de 1758 à 1765 la publication est suspendue parinterdiction royale.
En 1765 les dix derniers volumes sont publiés.
En 1772 s'achève la publication de l'Encyclopédie ou Dictionnaire rasionné des sciences, des arts et des métiers.
De nombreux penseurs, philosophes, savants ont participé à cette entreprise hors du commun: d'Alembert, Voltaire, Montesquieu, Holbach, Condillac, Jaucourt (qui écrit sur ses 17000 article un concernant l'"Inquisition"), Damilaville (article sur la "Paix"), Dumarsay, Turgot, l'abbé de Raynal, de Mably, ecclésiastiques qui passèrent outre les remontrances de leur hiérarchie.
Au total 1000 ouvriers ont travaillé à l'Encyclopédie pour produire :
-17 volumes de texte
-11 vlumes de planches
-2 volumes d'index
-5 volumes de suppléments
-2 volumes de table analytique
-71818 articles
-2885 gravures
Près de 24000 éditions cétaient en circulation en Europe à l'aube de la Révolution.
La réflexion sur l'esprit
Le jugement critique des philosophes touche de nombreux domaines : la religion, la condition humaine, la législation, les connaissances humaines.
Deux courants de pensée vont profondément modifier l'appréhension du monde par l'homme du XVIIIème:
- Inspiré des théories de l'anglais John Locke au début du siècle, Condillac écrit Essai sur l'origine des connaissances humaines, en 1746, dans lequel il établit que toute connaissance vient des sensations. C'est le sensualisme. Cette pensée place l'homme au centre de son savoir, et l"autonomise" en quelque sorte.
- Cette philosophie conduit à une autre manière de pensée, plus radicale : le matérialisme. Diderot s'en empare pour avancer sa propre conception du monde, l'athéisme. Comme le monde se crèe lui-même, à partir de lui-même (Diderot observe la naissance des larves à partir d'un corps en décomposition), Dieu ne suarait exister, il est parfaitement inutile. Son ami Helvétius, dans de l'Esprit, développe la même idée, un matérialisme profondément antireligieux, son livre est d'ailleurs condamné.
Voltaire, qui remet en cause les institutions religieuses, l'application "humaine" des Ecritures, notamment dans son Dictionnaire philosophique, brûlé en 1766, ne va pas jusqu'à l'athéisme. Il reste déiste, c'est-à-dire qu'il considère qu'il existe bien un Dieu, "un grand horloger", pour organiser le monde, mais il n'est pas celui de la Bible.
Rousseau expose son "traité d'éducation" dans l'Emile en 1762, et notamment dans la "profession de foi du vicaire savoyard". En effet Rousseau reconnaît l'existence de Dieu. Il possède la foi, mais elle repose sur la conscience qui seule est, selon lui, un instinct divin aux intuitions infaillible. La raison ne saurait jouer aucun rôle. Il fonde alors la religion dite "naturelle". Or selon les instructeurs contemporains de Rousseau la conscience "est l'ouvrage des préjugés". La foi ne peut donc provenir de la conscience : l'Emile est condamné en 1763.
Le jugement critique s'exerce aussi sur le système des lois. Montesquieu, dans l'Esprit des Lois, discute du bien fondé des lois, qui sont censées protéger l'homme de ses faiblesses. A nouveau un pan de la société est remis en cause.
Buffon, l'anthropologue, dont la statue trône au Jardin des Plantes, à Paris, rédige son histoire naturelle, et tout en répertoriant les espèces animales, rassure l'espèce humaine sur son sort (contre les imprécations de Rousseau dans son Discours sur l'Inégalité) : la vie sauvage n'est pas à regretter, l'homme a réussi à harmoniser la Nature et la civilisation, la Nature et la Culture.
Ainsi les penseurs du siècle des Lumières cherchent à fonder leur propre morale, avec leurs propres repères. Certains, comme Voltaire et Montesquieu, mettent en avant le libéralisme économique, la liberté en politique, mais aussi avec d'autres luttent contre l'esclavage, toutes les formes d'intolérance et de fanatisme, proposent une nouvelle pédagogie pour un homme nouveau.
Du rationalisme à la sensibilité
Il est courant de considérer qu'entre 1750 et 1760 il y a eu un tournant de ce qu'on a appelé le "rationalisme" vers la sensibilité. Il est vrai que dans les ouvrages de cette deuxième moitié du siècle des Lumières, le sentiment a pris une place de plus en plus importante.
Au théâtre, par exemple, le changement est perceptible. On parle de tragédie "sensible", de comédie "larmoyante". Voltaire écrit Nanine, Diderot invente le drame bourgeois, qu'il expose dans Entretien sur le fils naturel. Il s'agit d'exalter sur scène la vertu, l'honneur, les valeurs morales pures qui triomphent toujours des vices. L'amour, notamment filial, le père étant le pilier de la société française à cette époque, garant des valeurs, est représenté, et le fils, souvent se rebelle contre une éducation paternelle trop autoritaire, qui ne tient pas compte des élans du coeur. Avoir du coeur, être sensible est la garantie d'une âme bien née.
De cette réhabilitation du sentiment, étouffé au siècle précédent, naît une sorte de code de bone conduite vertueuse : le chevalier Des Grieux e l'abbé Prévost ne cherche pas à retenir ses larmes, de même que Saint Preux de la Nouvvelle Héloïse, et l'enthousiasme inspiré par un paysage, une vision est le gage d'une grande âme.
Les passions ne sont donc plus négatives et condamnées (comme le faisaient les moralistes du Grand Siècle) mais au contraire témoignent d'un caractère noble, d'une âme supérieure, voire du génie.
Diderot développe ses pensées et théories dans son importante correspondnace avec sa maîtresse Sophie Volland, mais aussi dans le Rêve de d'Alembert qui met en scène son ami et Julie de Lespinasse, sa Lettre sur les Aveugles, et ses textes de critique d'art, regroupés dans les Salons.
Les dérives de la sensiblerie
Mais à force de transports, d'accès de mélancolie, de frénésie larmoyante, et d'extase (la Religieuse de Diderot démontre tous ces aspects), la sensibilité est galvaudée, parfois ridicule quand elle est le prétexte à la résurgence de la superstition, de l'illuminisme parfois, et même du Diable, avec le Diable amoureux en 1772. Ce sont les débuts d'une littérature qui fleurit en Angleterre sous le nom de "gothics novels", avec notamment l'oeuvre phare de Lewis, le Moine, appelé le romantisme noir en France.
Vers cette période il n'y a que Laclos et Beaumarchais, dans deux registres très différents, pour lutter contre ce travestissement de la sensibilité. Leurs oeuvres témoignent du triomphe de l'insolence et de la gaieté, Laclos avec ses intrigues libertines cyniques, et Beaumarchais avec son valet Figaro, pourfendeur fringant des privilèges.
L'Art de la conversation au XVIIIème siècle
La cour perd son éclat : elle n'est plus l'inspiratrice des idées nouvelles. Désormais ce sont dans les Salons, les Cafés (tels que le Procope) ou les Clubs (inspirés de la mode anglaise) que foisonne la vie intellectuelle.
Les Salons sont des tremplins pour les écrivains qui ont la possibilité de se faire remarquer, de lire leurs oeuvres, de nouer des relations utiles. La concentration des talents conduit à une émulation réciproque et bénéfique pour chacun.
La variété des formes littéraire s'explique par cet art de la vie en société : il s'agit de raconter des événements, d'expliquer des faits, de discuter une opinion sans lasser l'auditoire. De fait, l'aspet divertissant du propos est mis en avant, et contribue au développement du conte, philosophique souvent. Les écrivains reprennent la leçon du Grand Siècle "Docere et placere", instruire et plaire.
Marie-Thérèse Geoffrin (1699-1777)
Marie-Thérèse Rodet épouse à 14 ans M. Geoffrin, 49 ans. Riche bourgeoise, elle reçoit dans son hôtel de la rue Saint-Honoré les artistes, écrivains, savants de son temps de 1749 à 1777. Elle fréquentait dés 1730 le Salon de Madame de Tencin, et prit la suite de celle-ci, comme l'avait fait Madame Tencin avec Madame de Lambert.
Se côtoient chez elle Marivaux, Marmontel, Grimm, d'Holbach, Helvétius et d'Alembert, mais aussi Boucher, Van Loo, etc .
Elle subventionne l'Encyclopédie, et sait tempérer leurs élans contestataires, car son éducation classique se refuse à certaines idées nouvelles.
Son Salon acquiert une renommée européenne, et les étrangers "les plus considérables" s'empressent de se rendre chez elle. Le prince polonais Poniatowski lui rend visite en personne.
L'influence des philosophes
Il est convenu de dire que les philosophes du siècle des Lumières ont alimenté les pensées du courant révolutionnaire.
Ceci est exact, mais mérite des nuances.
Jamais Voltaire, Montesquieu, Diderot, Rousseau et les autres n'ont pensé à un seul moment que la société française devait être réformée en profondeur au sens révolutionnaire, c'est-à-dire que la monarchie devait disparaître.
Voltaire et Montesquieu étaient attachés au modèle de la monarchie parlementaire, venue d'Angleterre; Diderot tout en étant matérialiste, c'est-à-dire reniant l'existence de Dieu n'a vraiment remis en cause le principe de la monarchie; quant à Rousseau, il pense une société dans le Contrat social, qui n'exclut pas l'idée d'un gouvernant.
Mais l'ensemble des oeuvres du XVIIIème qui ont parcouru le siècle ont proposé une critique radicale des inégalités, des fanatismes, des injustices, et ont contribué intellectuellement au courant révolutionnaire.
Robespierre a repris les valeurs de Rousseau, notamment le modèle de la Vertu, devenue véritable religion, pour secourir la Patrie. L'image de l'incorruptible s'appuie sur schémas, théoriques et simplifiés, des oeuvres de Rousseau. D'où les dérives sanguinaires de ce mouvement qui se voulait libérateur et pur, de façon abusive.